Les premiers Doré au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Par BERNARD DORÉ

Le 8 décembre 1977, à Saint-Jérôme de Métabetchouan, mon grand-père Xavier Doré quittait ce monde à l’âge respectable de 95 ans. Il était à ce moment-là probablement le doyen des Doré au Lac-Saint-Jean. Il a passé toute sa vie à Métabetchouan, comme cultivateur, y étant né le 1er septembre 1882, de Joseph Doré et Lucie Fortin. Il était le petit-fils de Jérémie Doré, arrivé à Chambord avec ses enfants vers 1869. Les deux fils de ce dernier, Joseph – plus haut mentionné – et Jules ont servi la messe dans la première chapelle à Chambord, au Noel 1869.

Jérémie est décédé à Chambord le 14 janvier 1875. Il avait fait instruire sa fille Aurélie. Elle est devenue la première institutrice à Saint-Jérôme de Métabetchouan; elle a pu par son travail aider financièrement sa famille. Incidemment, la raison économique (se trouver un emploi) de même que l’esprit d’aventure ont constitué des éléments moteurs pour la colonisation qui se continuait.

Jérémie était l’aîné de la famille d’Augustin et Quirille Thibeault, de Saint-Urbain. Éloi et Augustin, les deux autres fils, sont arrivés à Chambord avec leur famille en 1878 pour le premier, et un peu plus tard pour le second. En passant, Éloi est l’arrière-grand-père du président fondateur de l’Association des familles Doré, Paul-Émile Doré.

À Baie-Saint-Paul, le 19 novembre 1805, Augustin Doré père s’était marié à Quirille Thibeault. ( Note de l’auteur: le prénom Quirille est une déformation du prénom Thierry reçu à son baptême le 25 juillet 1786 à Baie-Saint-Paul. Voir explication en bas de page * ). Augustin n’a eu qu’un frère vivant, Louis, marié à une sœur de Quirille Thibeault, Angèle. Dans l’état actuel de nos recherches, nous ne savons pas à quel endroit la famille de Louis a évolué. Augustin et Louis faisaient partie de la douzaine d’enfants d’Étienne Doré et Marie-Josephte Simard qui s'étaient mariés à Baie-Saint-Paul le 21 novembre 1774 et ont semé les Doré dans Charlevoix.

Éloi Doré 1, en haut, et Augustin Doré, à droite. Ces deux fils d'Augustin et Quirille Thibeault, de Saint-Urbain, sont arrivés à Chambord à la suite de leur frère aîné Jérémie.

Fils de Joseph Doré, héritier de la terre ancestrale à Saint-Augustin-de-Desmaures (Québec), Étienne avait quitté sa famille vers 1765 pour Baie-Saint-Paul. Son père était le petit-fils de l’ancêtre Louis Doré, par l’aîné Pierre-Louis. Ce dernier lèguera à son fils Joseph la terre ancestrale le 2 octobre 1739, terre dont une partie est aujourd’hui encore occupée par un Doré (NDLR: c'était vrai au moment de la publication de ce texte en 1992)

D’AUTRES BRANCHES

Une autre branche qui m’est connue est celle-ci : à Saint-Prime, au Lac-Saint-Jean, le premier mariage – deuxième acte inscrit au registre paroissial – est celui d’un Doré, Alfred, en date du 16 janvier 1872. Alfred Doré venait directement de Saint-Augustin, où son père Isidore demeurait. Il est aussi un descendant de l’ancêtre Louis (1666), mais par son deuxième fils, Étienne.

Une autre famille Doré a fait souche à Chicoutimi. Arthur Doré, fils de Michel Doré et Desneiges Alain, se marie à la paroisse du Sacré-Cœur du Bassin le 14 octobre 1903. Il donnera à la région une autre nombreuse famille Doré. Arthur était aussi un descendant de la lignée de Pierre-Louis, mais par son fils Pierre. Cette lignée est donc restée près de la terre ancestrale jusqu’au 20e siècle.

À Roberval, un couple – Joseph Doré, tailleur de pierre, et Marie-Louise Garneau, originaires de Rivière-à-Pierre (dans Portneuf) arrive avec une nombreuse famille dans l’année 1922. 

Dans les années 1930, début 1940, s’établissent à Jonquière deux autres familles Doré. Ce sont les fils de Diogène Doré de Saint-Basile de Portneuf. Le premier, Conrad, est attiré par la construction du barrage de Shipshaw. Originaire de Cap Santé, il s’installe à Jonquière en 1937, et s’y marie en 1938 avec Gabrielle Carpentier. Il fait carrière à Arvida avec l’Alcan et ses filiales. Le second, Diogène, est employé du Canadien National. Il débarque dans la région dans les années 1940 et épouse Réjeanne Maltais à Alma en 1952.

Notons que depuis sept ans (NDLR : en 1992) une institutrice de Québec, Ginette Doré, enseigne dans la région. Elle est une nièce du propriétaire actuel (NDLR : en 1992) de la ferme de Louis 1666.

Quelques statistiques pour terminer. Environ 160 familles portent le nom de Doré au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ce qui représente autour de 600 personnes. Et tous ces Doré de la région sont des descendants de Louis (1666) et de Jeanne Dufossé.

  • Note de l'auteur sur le prénom Quirille.  Selon Bernard Doré, "le prénom Quirille est une déformation du prénom Thierry reçu à son baptême le 25 juillet 1786 à Baie-Saint-Paul". Ceci me semble plutôt surprenant, et voici pourquoi. D'abord, Thierry est un prénom masculin alors que Quirille est bel et bien un prénom féminin, peu répandu, on en convient, mais quand même présent dans les vieux prénoms chez certaines familles, dont les Doré et les Thibeault. D'autre part, quand on jette un coup d'oeil au registre des naissances de Baie-Saint-Paul à la date du 25 juillet 1786, on voit qu'il y a eu deux baptêmes ce jour-là qui se lisent comme suit: "... a été baptisée Thierry née... du légitime mariage de Thierry Grenon et Thérode Guay..." pour le premier; et " a été baptisé Thierry né... du mariage légitime d'Amiable Thibeault et Rosalie Tremblé..." pour le second. Erreur d'enregistrement par le curé? En tout cas, il n'y a pas de Quirille Thibeault ce jour-là.  Marc Doré 2018

Cet article a paru dans le Bulletin Doré vol 1 no 1, Printemps 1992. Il a été légèrement actualisé pour la publication sur le site de l’AFDI en mars 2018.